Citer et/ou ne pas citer ne pose pas seulement une question d'ordre méthodologique, mais philosophique. S'il n'y a pas de philosophie sans une certaine connaissance pratique de son histoire, cela se traduit méthodologiquement par le fait qu'il ne convient pas d'écrire en philosophie sans citer. Or cette histoire de la philosophie, en même temps qu'elle est jalonnée d'auteurs qui se refusent à citer, qui s'accusent de plagiat, offre la possibilité de justifier cette absence apparente de références citationnelles. C'est ce que tente de montrer cet essai, en termes de majorité et d'équité auctoriales. Celles-ci sont promises à l'apprenti-philosophe, aujourd'hui généralement présenté sous la figure de Petite Poucette, en tant justement qu'il saura sortir d'une certaine amnésie grammatologique et médiologique qui marque l'histoire de la philosophie. Il lui revient ainsi de savoir transformer les informations en connaissances, de muer en remède le poison des pharmaka (que sont les écrits et toute sorte de données, y compris celles de l'intelligence artificielle). Sans oublier, ainsi que le rappelait Bergson, que c'est de la main que l'intelligence remontera à la tête.